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Les années 90 semblent être pour Francis BERTHELOT
un renouveau littéraire, symbolisé par sa rupture avec l'imaginaire auquel se
rattachait jusqu'ici l'ensemble de son œuvre (du planet opera avec "La lune
noire d'Orion" ou le "Rivage des intouchables" à la fantasy avec "Khanaor").
Il est vrai qu'il avait raflé tous les prix possibles et
imaginables pour un auteur francophone, malgré une production relativement
épisodique mais néanmoins régulière. Il avait d'ailleurs fini en beauté avec un
Grand prix de l'imaginaire (mérité) pour son "Rivage des intouchables".
En plus de cette rupture dans la fiction, il rompt
également avec la science, puisqu'en 1989, quoi que toujours chercheur, il passe
de la biologie à la théorie littéraire et à la narratologie, et de l'Institut
Pasteur au CNRS. |
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Après son premier essai littéraire, "La métamorphose
généralisée" (couronné au passage encore une fois par un Grand prix de
l'imaginaire, qu'il ravit à Stan Barets et à son "Science-fictionnaire", excusez
du peu), il revient à la fiction en se lançant dans un cycle, "Le rêve du
démiurge".
Ce cycle doit commencer par la littérature générale pour
glisser progressivement au fil des volumes dans notre cher domaine des
littératures de l'imaginaire, à travers une fresque sur l'Europe des années 1950
à 2000.
Sur les 9 volumes initialement prévus, le 6e vient juste de
paraître, au Bélial : "Hadès palace", et le 7e est en cours de rédaction.
Si l'on ne peut parler de véritable cycle, en ce sens où
chaque roman s'inscrit dans la suite directe de l'autre et ne saurait être lu de
façon indépendante, comme par exemple "Comme une bête" et "Gare à la
bête" de Philip José FARMER, on ne peut pas pour autant apprécier
totalement tel ou tel roman en le lisant de façon indépendante.
En fait, plus que d'un cycle, il s'agit plutôt d'une
fresque, comme une version très réduite de "La comédie humaine" de Honoré
de BALZAC. Que tous ceux et toutes celles qui ont souffert des
minutieuses descriptions du "Père Goriot" ou "Eugénie Grandet"
se rassurent tout de suite, point ici d'interminables descriptions ! De
plus, contrairement à BALZAC qui n'eut l'idée de cette fresque qu'à
partir du "Père Goriot", BERTHELOT a conçu d'emblée "Le
rêve du démiurge" comme une fresque, et l'on ne peut s'empêcher de faire
des parallèles. En effet, dans les deux cas, on peut vraiment lire les
premières œuvres de façon indépendante (en fait seulement les deux premiers
romans de BERTHELOT). Ensuite, on peut éventuellement lire les œuvres
suivantes de façon autonome. Mais c'est passer à coté du façonnement de
nombreux personnages, principaux ou secondaires, en particulier pour "Mélusath"
et "Le jeu du cormoran". Le mot d'André GIDE : "Songez que le
façonnement de l'esprit commence dès la plus tendre enfance." s'applique
pleinement à la plupart des personnages du "Rêve du démiurge". Si vous
tentez l'aventure d'une lecture aléatoire, vous risquerez parfois de trouver
des comportements abscons par manque d'éléments vécus, tandis que si vous
lisez la fresque comme elle fut pensée, vous comprendrez sans problème le
pourquoi du comment des personnages. En outre, comme chez BALZAC, on
trouve aussi du fantastique chez BERTHELOT, mais là où le premier se
limite essentiellement au roman "La peau de chagrin", il y a chez
BERTHELOT un fantastique au départ assez diffus et ambigu (le
fantastique n'est au départ surtout qu'une interprétation du lecteur) il va
petit à petit se densifier, jusqu'à rattacher clairement la fresque dans
l'imaginaire par ses développements ultérieurs.
Mais commençons par le commencement !
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En 1994, il publie "L'ombre d'un soldat", suivi en
1996 du superbe "Le jongleur interrompu" tous deux chez Denoël. Il publie
ensuite chez Fayard la première pierre angulaire du cycle, son "Père Goriot", en
l'occurrence "Mélusath"(1999), le premier où se mêlent les destinées de
personnages des romans précédents, véritable première pierre sur laquelle se
bâtit la fresque.
Le nouveau siècle s'ouvre avec un nouveau roman, « Le jeu
du cormoran » (2001, belle année pour tout amateur de SF), qui reprend lui aussi
des personnages des romans précédents.
Il signe -selon lui- son retour dans les littératures de
l'imaginaire en 2003, avec "Nuit de colère", premier opus du cycle publié
dans une collection dévolue à l'imaginaire (Imagine chez Flammarion, fondée par
le regretté Jacques CHAMBON). Retour gagnant (encore un prix !),
puisqu'il reçoit le Masterton 2004, remis pour la première fois par Graham en
personne !
"Hadès palace", dernier en date du cycle en est
également une étape très importante, comme nous allons le voir, puisque de
nombreux destins s'y croisent, et s'y brisent.
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Suite ...
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Olivier - 2005
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